(Michel TOMASEK)
Quiconque s’intéresse à la Flandre française, son histoire, son patrimoine, a inévitablement rencontré la production de Joseph Dezitter, en particulier son oeuvre gravé. Ses moulins, chapelles et maisons rustiques constituent une réserve quasi inépuisable d’illustrations. Mais l’homme restait méconnu et les quelques notices le concernant, maintes fois reprises sans vérifications, multiplient les erreurs. Par ailleurs, la famille conservait un fonds important d’oeuvres moins connues, entre autres de nombreuses aquarelles, mais également des inédits sur la Grande Guerre ou Bergues. Confié au Comité Flamand de France, à charge de le valoriser, il constitue le noyau central des expositions présentées simultanément à Bergues, à Bollezeele, Bourbourg, Dunkerque/Malo-les-Bains et Wormhout sur des thématiques liées aux sites choisis. En outre, cet ouvrage permet d’éclairer la personnalité beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît de celui qui se proclamait -faussement modeste ?- « artisan flamand » mais qui, de toute évidence est l’artiste le plus emblématique de la Flandre française dans la première moitié du XXe siècle. Le regard de Dezitter, au-delà du simple témoignage, constitue un maillon important de l’histoire semée d’embûches du régionalisme. À l’heure où la réflexion sur le concept même de région dans le cadre national et européen se poursuit, ce retour sur une page du passé peut apporter sa contribution.